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Utbildnings- och kultursociologi
Sociology of Education and Culture at Uppsala University
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This is a full-text HTML version of Anne-Catherine Wagner, Les stratégies transnationales en France. Skeptronhäften / Skeptron Occasional Papers, No. 13, Stockholm 1997, ISSN 0284-0731
Les stratégies transnationales en France
Anne-Catherine Wagner
Anne-Catherine Wagner is sociologist, teaching at Paris I (Sorbonne) and associated with Centre de sociologie de l’éducation et de la culture at École des Hautes Études en Sciences Sociales.
In May—June 1997 Anne-Catherine Wagner visited Sweden within the framework of a French/Swedish exchange program. The paper Les stratégies transnationales en France” was read at the workshop ”Transnational strategies of French and Swedish élites”, Stockholm, May 30th 1997, arranged by the Sociology of Education and Culture unit at Stockholm Institute of Education. The paper elaborates the analyses presented in Anne-Catherine Wagner’s PhD dissertation Le jeu du national et de l’international. Les cadres étrangers en France (EHESS, Paris 1995).
Donald Broady
Introduction
1. La consolidation d’une culture transnationale en France
1.1 Une culture qui se définit par le cumul et l’interpénétration de
différentes ressources sociales
1.1.1 Culture au sens anthropologique
1.1.2 Culture internationale au sens de compétences culturelles
1.2 Un espace de relations qui met en relation et hiérarchise les pays,
les cultures nationales, les attributs nationaux
2. Les luttes de concurrences entre le ”national” et ”l’international”
2.1 La reconnaissance limitée des compétences internationales en France
2.2 La définition française de l’international
2.3 Les luttes des cadres internationaux pour faire reconnaître en France
la valeur de nouveaux principes d’excellence
3. Les stratégies de brouillage
3.1 La négation des rapports de classes sociales
3.2 L’hétérogénéité des situations objectives et des stratégies
transnationales
3.3 L’international comme instrument de brouillage des hiérarchies
Conclusion
La France compte parmi les économies les plus ouvertes aux échanges internationaux : les importations et les exportations françaises de biens et de services représentent environ le cinquième de la production nationale ; plus du tiers du chiffre d’affaires des 30 premiers groupes français est réalisé par des implantations directes à l’étranger ; inversement en France les entreprises à participation étrangère réalisent près de 30% du chiffre d’affaires de l’industrie et contrôlent le quart des emplois industriels.
Paradoxalement cependant, alors que les analyses économiques considèrent l’espace français comme un espace ouvert sur un champ transnational de production et d’échange, les analyses de la structure sociale française se situent le plus souvent dans un cadre strictement national.
Cette ambivalence par rapport aux faits transnationaux est révélatrice du rapport spécifique de la France à l’étranger, sur lequel je reviendrai, qui tient à des traditions historiques et culturelles, et en particulier à la place centrale de l’Etat dans la société française.
Dans mes recherches, j’ai voulu analyser les effets sociaux et culturels de la mondialisation de l’économie en France. Je suis partie d’une étude à la fois statistique et ethnographique auprès des cadres des différentes nationalités, travaillant dans les secteurs économiques les plus internationalisés, et expatriés en France. Je me posais deux questions:
1. Dans quelle mesure ces cadres forment-ils un groupe social nouveau ? En étudiant cette population de cadres dont la carrière s’inscrit dans une dimension transnationale, j’ai cherché à analyser la constitution d’une culture nouvelle, internationale, qui fait l’unité d’une nouvelle élite transnationale.
2. Quelle est la position de ce groupe dans les rapports sociaux français? C’est-à-dire quelle est la place de cette culture internationale dans les principes français de hiérarchisation sociale? Pour reprendre la terminologie de Bourdieu, je cherche à définir un capital international, ou transnational.
Pour répondre à ces questions, j’ai mené une centaine d’entretiens auprès de cadres expatriés et de leur famille et j’ai recueilli 650 questionnaires auprès des parents d’élèves de 4 écoles étrangères ou internationale de la région parisienne : l’école américaine, l’école allemande, l’école japonaise et le lycée international de Saint-Germain-en-Laye, le lycée phare de l’enseignement international en France.
Mon étude est localisée en France. En effet, je voudrais montrer que ce n’est pas en soi, planant dans le vide au-dessus des nations, mais dans un espace national délimité qu’on peut analyser les faits culturels transnationaux. Je crois qu’il existe bien une culture transnationale, mais que ses contours et ses enjeux sociaux sont très différents d’un pays à l’autre. En France, c’est par rapport aux luttes de concurrence entre ”national” et ”international” au sein des classes dominantes que se comprennent les traits spécifiques du groupe que j’étudie.
Après avoir dégagé les caractéristiques de la culture transnationale des cadres, j’analyserai les luttes de concurrence dans lesquelles elle s’inscrit en France, ce qui me permettra de montrer que cette culture remplit des fonctions sociales spécifiques, de brouillage et de reproduction de relations de domination.
Le terme de culture est polysémique. Au sens où il est employé par l’anthropologie, il désigne le mode de vie d’un groupe social, ses normes et ses pratiques de sociabilité. Au sens plus restreint de culture ”savante”, il renvoie aux biens culturels légitimes, qui fonctionnent comme principes de hiérarchisation sociale (ce que Bourdieu appelle le capital culturel).
L’analyse d’une culture internationale mobilise les deux sens du terme. Cette culture se définit en effet par l’imbrication des différentes dimensions du rapport à l’étranger : la connaissance des langues, des cultures et des modes de vie étrangers, la dispersion géographique de la famille et des relations, la possibilité d’organiser sa carrière sur plusieurs pays produisent une sorte d’alchimie des capitaux linguistiques, sociaux, familiaux, professionnels et symboliques. Les compétences transnationales ne peuvent être dissociées d’un style de vie.
L’étude des pratiques sociales des familles expatriées conduit à dégager les traits d’un style de vie véritablement transnational, au sens où il traverse les frontières.
Ce caractère transnational tient aux propriétés de l’espace de mobilité des classes supérieures. Les frontières sont moins présentes pour les migrants de haut niveau social. Alors que les pays industrialisés (tout au moins la France) se ferment de plus en plus sévèrement à l’immigration ouvrière, la mobilité des élites est au contraire encouragée. Dans le droit français de l’immigration, les étrangers de haut niveau social ont un statut à part, et ils échappent à la plupart des contraintes juridiques qui pèsent sur les autres immigrés. Ce statut d’exception se retrouve dans le vocabulaire : en France les étrangers des classes supérieures ne sont pas désignés comme ”immigrés” (terme stigmate implicitement réservé aux ouvriers), mais comme ”internationaux”, terme qui au contraire fonctionne comme signe de prestige.
Les cadres évoluent dans un espace à part, relativement intégré et continu au-delà des frontières. Cet espace est d’abord interne aux grandes entreprises, qui mettent souvent en scène leur unité transnationale. Dans les grandes organisations transnationales, il y a tout un travail pour créer une culture d’entreprise, un langage commun, des façons de travailler et des valeurs similaires dans les différentes unités du groupe.
La continuité de l’environnement déborde la sphère du travail. Parallèlement aux entreprises, il existe en effet un réseau d’institutions transnationales destinées aux expatriés : des associations de compatriotes, des églises, des cercles féminins, des écoles pour les enfants. Les familles retrouvent ainsi dans les différents pays des infrastructures, des repères spatiaux et des formes de sociabilité qui leur sont familiers. Le concept de ville mondiale, (sur lequel il y a ici un certain nombre de travaux, je crois) est très important pour comprendre cette uniformisation du cadre de vie. En France, ces lieux sont pour l’essentiel concentrés dans l’Ouest parisien, à proximité des centres des affaires, dans les quartiers les plus huppés de la capitale et de la banlieue ouest.
Dans ces lieux internationaux, les familles des différentes nationalités se trouvent rapprochées, à la fois matériellement et symboliquement : l’insertion dans des réseaux relationnels internationaux est un trait constant du mode de vie de la population : les mariages mixtes sont fréquents, les enquêtés déclarent le plus souvent avoir en France des amis de toutes les nationalités. Cette sociabilité internationale s’explique par l’homogénéité des styles de comportement et des systèmes de valeurs des cadres des différents pays. Les politiques d’intégration internationale de l’encadrement dans les grandes entreprises, le développement des Business Schools qui délivrent un enseignement au management assez semblable d’un pays à l’autre, sont des instruments importants d’unification. Cette unification concerne aussi le hors travail. Il existe dans ce milieu toute une série de pratiques obligatoires, un véritable conformisme international. Les familles ont les mêmes lectures, les mêmes sources d’information (International Herald Tribune, Time magazine, The Economist), les mêmes loisirs (le tennis, le golf), les mêmes pratiques familiales, caractérisées par la division tranchée des rôles sexuels (les managers internationaux sont des hommes, leurs épouses les suivent et renoncent le plus souvent à toute activité professionnelle).
A partir de l’étude que j’ai menée auprès des écoles destinées aux enfants de cadres internationaux, j’ai montré l’importance stratégique dans cette population de la production et de la reproduction d’un capital culturel international. [1]
Les éducations internationales, sanctionnées par des diplômes internationaux (comme en particulier le Baccalauréat international de Genève), ne se résument pas à la simple inculcation de savoirs. La connaissance des langues et des cultures étrangères est valorisée, non pas sous la forme de compétences académiques, mais sous la forme de compétences sociales : les enfants apprennent les langues en les pratiquant avec des nationaux, ils apprennent à maîtriser les interactions avec les étrangers, à gérer un réseau relationnel sur plusieurs pays, ils se familiarisent avec les normes de sociabilité internationale. La culture internationale est aussi l’apprentissage d’un mode de vie. Elle repose sur la constitution d’un capital social international (au sens de P. Bourdieu: l’ensemble des relations implantées dans différents pays, qui peuvent être utilement mobilisées dans les stratégies sociales et professionnelles).
Les socialisations internationales produisent un véritable habitus international : elles apprennent à ”bouger sans bouger”, à ”être chez soi”, à retrouver ses repères (sociaux, institutionnels, identitaires, affectifs, symboliques) dans les différents pays. J’ai pu constater l’efficacité de ces socialisations sur les cadres internationaux eux-mêmes issus de familles internationales : la culture internationale fait partie intégrante de l’héritage familial.
Toutes ces dispositions préparent aux carrières transnationales. Savoir changer facilement de pays, négocier avec des étrangers, sont des compétences précieuses dans le contexte actuel. Les transformations de la production constituent un marché où ceux qui sont dotés de ces compétences sont indéniablement favorisés.
Ce sont en France les études de commerce et de gestion qui valorisent le plus systématiquement ces compétences. La plupart des écoles de gestion ont internationalisé leur formation. La place des langues et des stages à l’étranger, la participation à des réseaux internationaux de Business Schools, l’usage fréquent des qualificatifs ”européens” ou ”international” dans les noms des écoles attestent du rôle structurant de la référence à l’étranger dans ce secteur.
Cette culture ne se définit pas comme une culture ”mondiale”, unifiée, qui ferait disparaître les différences nationales. Les spécificités nationales sont au contraire valorisées, entretenues et mises en scène dans le groupe. La culture internationale des élites se définit aussi contre l’uniformisation mondiale de la culture de masse.
La culture internationale repose non sur la négation, mais sur l’accumulation des références nationales. Les familles accordent une grande importance à la transmission de ressources internationales, mais aussi à la transmission de leur langue et de leur culture. Ces éducations vont de pair avec l’apprentissage constant d’une distance aux appartenances nationales (par toute une série d’institutions, comme les jeux de rôles où les enfants se voient attribuer une autre nationalité que la leur, etc.)
C’est ce rapport de distance et d’appropriation cultivée aux attributs nationaux qui est mobilisé dans les carrières transnationales. Le cadre international n’est pas a-national. Dans les milieux professionnels internationaux, la nationalité peut au contraire être constituée en attribut professionnel. Ainsi, d’après mon enquête, les cadres qui ont les positions les plus élevées sont ceux qui, tout en travaillant dans les secteurs internationaux, sont en relation avec leur propre pays. Ils ont une fonction de médiateur, d’intermédiaire entre les sociétés implantées dans leur pays et, par exemple, des entreprises françaises ou le siège international ou européen.
Les carrières internationales les mieux menées sont celles qui permettent d’utiliser non seulement des compétences internationales (au sens de la capacité à bouger, à négocier avec les étrangers) mais aussi des ressources proprement nationales : la connaissance de la langue, des milieux d’affaires, des normes professionnelles, juridiques, sociales de son propre pays.
Cela conduit à analyser le capital international comme la capacité à constituer le national comme ressource (éducative, culturelle, professionnelle), à placer ses attributs nationaux dans un champ international.
Tous les attributs nationaux ne procurent pas les mêmes profits dans ce champ international. Dans ce milieu, les rapports de force entre les nations ne sont pas des abstractions, ils produisent des effets concrets sur les positions des agents, sur les trajectoires et sur les rapports sociaux.
La hiérarchie des langues détermine les choix éducatifs de la population. Les familles cherchent à apprendre à leurs enfants les langues les plus rentables, dont la valeur internationale est la plus grande. La culture internationale enregistre alors les faits de dominations nationales. Le Baccalauréat international est proche des habitudes éducatives anglo-saxonnes. Les écoles américaines à l’étranger sont les plus attractives : plus de la moitié de leurs élèves ne sont pas américains.
Cette hiérarchie est perceptible dans les stratégies d’accumulation de capital social, dans le choix des cercles de relations. Les nationalités dominantes tendent plus à rester entre compatriotes. Les ”petites” nationalités (dont la langue et la culture ont une moindre valeur internationale) sont plus attirées par les cercles internationaux, en particulier américains.
La hiérarchie des pays se perçoit dans la rentabilité professionnelle des expatriations. La signification professionnelle de l’expatriation varie selon le lieu de destination. Les expatriés en Afrique et dans le tiers monde (qui d’ailleurs souvent ne sont pas désignés comme ”internationaux”), sont plutôt des cadres liés à la production, en position dominée. Les séjours prolongés dans les pays du tiers monde éloignent des centres décisionnels et sont plutôt néfastes à la carrière. Inversement, les séjours dans les pays puissants (en particulier les séjours au siège de l’entreprise) rapprochent du pouvoir, permettent d’accumuler du capital social international et augmentent la valeur professionnelle du cadre.
Il y a donc des lieux qui élargissent et des lieux qui rétrécissent l’espace de mobilité. Certaines expatriations ouvrent l’espace des possibles, d’autres le ferment. Cette hiérarchie des pays est perçue de façon temporelle, en terme d’avance et de retard. Parce que les pays sont d’autant plus prisés qu’ils sont considérés comme en avance, ces règles de circulation des hommes ne peuvent que renforcer les règles de circulation des modèles dominants.
Cette population constitue ainsi un instrument de la production et de la reproduction des rapports de domination culturelle entre les nations. Les hiérarchies entre les nations produisent des effets sur les rapports sociaux entre les agents. On retrouve, dans les relations entre dominants et dominés, des homologies avec les relations entre les classes sociales au sein d’un pays. Les nationalités dominantes, les Américains, font preuve de naturel et d’aisance internationale ; ils peuvent rester nationaux tout en se définissant comme internationaux (puisque leurs entreprises, leurs écoles, leurs associations, leur langue sont à la fois américaines et internationales). Les nationalités plus récemment entrées dans la sphère internationale, comme les Japonais, ont un comportement de ”bonne volonté internationale” qui évoque celui des classes moyennes en ascension ; ce sont les plus lucides, ceux qui analysent le mieux les mécanismes et les lois de fonctionnement des cercles internationaux, sans doute parce qu’ils les perçoivent plus directement comme contraignants. Enfin les cadres des nationalités dominées ont tendance à refouler tout ce qui peut évoquer les origines nationales (par exemple, les cadres marocains ne parlent pas l’arabe, préfèrent faire connaître d’autres pays à leurs enfants...).
Cette diversité des points de vue conduit à complexifier le modèle d’un espace transnational avec un capital transnational (le capital transnational d’un Américain, d’un Suédois, d’un Français, ou d’un Tunisien ne représente pas les mêmes investissements linguistiques, culturels, professionnels, n’engage pas les mêmes enjeux).
Pour comprendre le fonctionnement d’un espace de relations transnational, il faut revenir aux différents usages nationaux de l’international, à la place de l’étranger dans chacune des structures sociales nationales. D’un pays à l’autre, l’international ne concerne pas les mêmes agents, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas les mêmes positions de départ, ni les mêmes trajectoires, et qu’ils n’auront pas non plus le même statut en retournant dans leur pays après un séjour à l’étranger.
On peut opposer les pays où l’international est un attribut des classes dominantes, et ceux où, au contraire, les choix internationaux sont plus risqués dans la concurrence nationale.
Dans le premier cas (auquel se rattache je crois la Suède) les choix internationaux procurent des profits internationaux mais aussi nationaux.
La France fait partie du deuxième groupe (le Japon est proche de la France de ce point de vue). Il s’agit de pays où la position sociale est étroitement corrélée à la réussite scolaire et au diplôme obtenu (sans réelle possibilité de reprendre des études ou de compenser un échec initial une fois entré dans la vie active) ; l’Etat et le système scolaire ont un rôle prépondérant dans la formation et la reproduction des dirigeants. Ce facteur est essentiel pour comprendre la diversité des rapports nationaux à l’international.
En France, le système scolaire accorde une faible place aux apprentissages internationaux. La France est, avec la Grèce, le pays européen où le nombre d’heures obligatoires consacrées aux langues vivantes est le plus bas. Les langues font partie des matières secondaires, à faibles coefficients. Dans un système scolaire très sélectif, qui fonctionne par orientations-éliminations successives, les élèves ont tout intérêt à ne pas passer trop de temps à apprendre les langues, et à se consacrer aux matières les plus rentables, comme les mathématiques. Pour rentrer dans les grandes écoles les plus réputées, il faut réussir des concours difficiles (où les épreuves de langues sont peu importantes). Ces concours sont préparés dans les classes préparatoires qui sélectionnent les meilleurs élèves (mais pas sur les langues!).
Les élèves des écoles internationales ont donc des difficultés à faire reconnaître en France la valeur des diplômes internationaux. S’ils se dirigent massivement vers les études de gestion, il s’agit aussi d’un choix négatif, ”par défaut”, qui leur permet d’échapper aux procédures de sélection les plus exclusivement nationales.
L’international en France a longtemps été un produit scolaire propre aux écoles ”refuges”. C’est ainsi que Pierre Bourdieu désigne les écoles (en particulier dans le domaine de la gestion) moins ”scolaires” que les grandes écoles d’élites, qui permettent aux jeunes d’origine sociale élevée de pallier un échec relatif dans la concurrence nationale. [2]
La valeur limitée des compétences internationales sur le marché scolaire français est liée aux caractéristiques des modes d’accès au pouvoir en France. Les études sur le patronat français mettent en évidence le rôle prépondérant du système d’enseignement national dans la sélection et dans la formation des dirigeants. Le passage par un petit nombre de grandes écoles et de grands corps de l’Etat, et mieux encore par un cabinet ministériel, est le meilleur moyen d’accéder aux positions dominantes dans les grandes entreprises. Les deux grandes écoles de pouvoir, qui forment en 1993 près de 45% des plus grands patrons français, sont une école d’administration de l’Etat (l’ENA), et une école militaire (l’Ecole polytechnique), c’est-à-dire deux écoles liées par excellence au national et à l’Etat. La mondialisation de l’économie ne modifie pas ce modèle de formation des élites françaises : d’après les études empiriques, la part de l’Etat dans la sélection des dirigeants tend même plutôt à s’accroître avec le temps. [3]
Les compétences internationales sont d’une utilité limitée pour accéder aux plus hautes positions. Partir à l’étranger est risqué, et il est préférable de rester près les lieux de pouvoir, c’est-à-dire à Paris. Une étude sur les patrons des 200 plus grandes entreprises françaises montre que 112 des 144 dirigeants d’entreprises à capitaux français n’ont jamais travaillé dans un pays étranger.
Les représentants des entreprises et les hommes politiques déplorent souvent la faible mobilité des cadres français, la difficulté à les envoyer à l’étranger, le taux élevé des échecs d’expatriation, de retours anticipés pour ”inadaptation” à la vie à l’étranger. On trouve ainsi dans les programmes politiques actuels des projets pour développer l’enseignement des langues, pour envoyer plus systématiquement les jeunes faire des stages à l’étranger.
Cependant, le caractère peu international des Français ne tient pas seulement à l’insuffisance de la formation. Il tient surtout à l’absence de valorisation sociale des compétences internationales : que ce soit dans les études ou dans les carrières, les placements les plus sûr sont nationaux, et les investissements internationaux sont risqués. L’élève international est handicapé pour passer les concours, le cadre expatrié risque d’être ”oublié” par la direction parisienne.
Les pays qui forment nationalement leurs élites cherchent aussi à faire reconnaître leur propre définition nationale de la culture internationale. Ainsi, la France a inventé son propre système d’enseignement international contre le modèle ”anglo-saxon” du Baccalauréat international. Le Baccalauréat international de Genève est un diplôme étranger, délivré par une fondation privée, qui portait atteinte au monopole de l’Etat dans la collation des grades, et les lycées français n’ont plus le droit de le préparer depuis les années 80.
Le lycée international français de Saint-Germain-en-Laye accueille des élèves de toutes les nationalités, et leur propose un enseignement ”international” très français. L’essentiel des cours correspond au programme français ; les élèves passent seulement en plus 2 demi-journées par semaine dans leur section nationale. L’option internationale du baccalauréat est un baccalauréat français où deux épreuves sont passées en langue étrangère.
La politique ”d’internationalisation” menée depuis quelques années par l’Ecole Polytechnique offre un autre exemple de cette conception nationale de l’international, qui a peu de points communs avec le modèle des Business Schools. L’Ecole Polytechnique est l’école d’ingénieur la plus prestigieuse en France, mais elle est peu connue à l’étranger. Les réformes visent surtout à faire reconnaître l’école à l’étranger. Il s’agit d’une part d’accueillir plus d’élèves étrangers (programme européen, ouverture d’une nouvelle voie du concours pour les étrangers), et d’autre part de favoriser la mobilité des polytechniciens, qui sont encouragés à faire un stage à l’étranger et à suivre une formation complémentaire à l’étranger pour préparer des diplômes d’ingénieurs ou des MBA. Ces réformes ne visent pas pour autant à ”internationaliser” le contenu de la formation. L’école accueille des élèves étrangers, mais ceux-ci suivent ensuite (en français) le programme de l’école qui est inchangé. L’école envoie des élèves à l’étranger, mais c’est pour servir l’intérêt national, pour faire connaître à l’étranger la spécificité (et l’excellence) du modèle français de formation des élites.
L’international en France a donc pour sens l’intégration des autres nationalités au modèle national d’une part, et la diffusion à l’étranger du modèle national d’autre part. C’est donc un modèle international français plus qu’un modèle transnational. En cela il se tourne au moins autant vers le passé que vers l’avenir. Cette conception est en effet liée à l’histoire culturelle française. L’hégémonie en Europe de la culture et de la langue françaises aux XVIIème et XVIIIème siècle, l’idée d’une supériorité intrinsèque de la civilisation française, des valeurs universelles de la révolution française, le passé colonial, continuent à produire leurs effets sur la mémoire collective. La France n’est plus une grande nation civilisatrice ou impérialiste, mais le rapport à l’étranger reste en partie construit selon ce modèle.
Si on analyse le champ transnational comme une structure de domination, on trouve ainsi, comme dans toute structure de domination, une lutte entre les groupes dominants qui cherchent à imposer leur conception de l’international comme la seule légitime. La conception française se construit en partie contre la conception américaine.
Ces deux conceptions, qu’on peut dire ”impérialistes” de l’international (l’international est conçu comme l’assimilation des autres nationalités au modèle national), s’opposent aux conceptions qui, au contraire, mettent l’accent sur le plurilinguisme, le pluriculturalisme, l’ouverture sur la diversité des cultures. Cette dernière conception est très présente chez les ressortissants des pays d’Europe du Nord (dont les Suédois) que j’ai rencontrés. C’est une conception au nom de laquelle les attitudes des Américains ou des Français à l’étranger sont alors jugées très peu internationales : les Américains ou les Français sont ceux qui n’apprennent pas les langues, qui ne connaissent que leur pays, qui se retrouvent toujours entre compatriotes.
Pour comprendre la diversité des rapports nationaux à l’international, et la diversité des définitions de l’international qui en résulte, il faut donc tenir compte de deux facteurs. Le premier, la reconnaissance internationale du national, renvoie à la hiérarchie objective des nations dans le champ transnational. Ce facteur oppose ceux qui peuvent faire valoir la valeur internationale de leurs attributs nationaux, et ceux qui au contraire les refoulent (cet axe oppose par exemple les Etats-Unis au Sénégal). Le deuxième facteur, la reconnaissance nationale de l’international, oppose les pays où les choix internationaux rapportent aussi des profits nationaux, et ceux où ces choix sont risqués par rapport aux règles du jeu nationales (cet axe opposerait la Suède à la France).
Ces deux axes ne sont d’ailleurs pas totalement indépendants. La capacité d’un pays à imposer sa propre définition nationale de l’excellence sociale dépend aussi en partie de sa position économique, politique, culturelle sur la scène internationale. L’international a d’autant plus le sens de ”disqualification du national” que l’Etat est dominé.
Ces situations ne sont pas non plus statiques. La valeur des compétences internationales évolue en fonction des luttes de concurrence et des rapports de forces.
Les stratégies internationales comportent aussi une dimension symbolique, visant à faire reconnaître et à légitimer en France un capital international. Pour revendiquer cette légitimité, les cadres internationaux mettent en avant à la fois des motifs utilitaires (les exigences d’une économie mondiale), un déterminisme temporel (il faut aller vers l’avenir), et aussi les valeurs plus éthiques de l’ouverture, de la tolérance, du respect des différences.
Cet argumentaire se construit contre ceux qui se limitent à leurs frontières nationales. Derrière les nombreuses critiques que font les cadres internationaux (étrangers ou français) de la société française, on trouve toujours en filigrane la critique d’une définition purement nationale de l’excellence légitime.
Ainsi la contestation d’un système scolaire trop national (passéiste, fermé, rigide, égoïste) est aussi une contestation de la légitimité des grandes écoles françaises, et donc de la légitimité des grands patrons français. Ce qui est critiqué plus généralement, c’est la place de l’Etat dans l’attribution des statuts en France. Cette critique s’accompagne d’une remise en cause plus générale du fonctionnement dit ”étatique” des entreprises françaises.
Ce groupe international s’oppose en France aux deux grandes fractions des classes dominantes. Il s’oppose d’abord aux vieilles familles, à la bourgeoisie possédante, dont la légitimité repose sur l’ancienneté de l’appartenance aux classes dominantes. Il s’oppose aussi à la ”Noblesse d’Etat”, aux dirigeants dont la légitimité repose sur l’excellence scolaire et la consécration par l’Etat.
Le point commun de ces deux élites, en effet, est l’importance du national. D’une part, les hautes classes françaises, la noblesse et la bourgeoisie la plus ancienne, sont peu ouvertes sur l’étranger. L’excellence sociale est d’abord liée à l’ancienneté de l’enracinement sur le territoire. D’autre part, les diplômes de la fraction plus ”moderniste” des classes supérieures françaises sont d’abord les diplômes nationaux.
L’international tend donc à fonctionner en France comme un nouveau principe d’opposition au sein des classes dominantes, qui ne se réduit pas aux autres grands principes de hiérarchisation sociale.
Les stratégies transnationales sont en France des stratégies de subversion par rapport aux principes nationaux de hiérarchisation sociale. Une des fonctions centrales de l’international est de dénier les hiérarchies sociales, de brouiller la perception des rapports sociaux.
La tendance à utiliser des catégories nationales plutôt que sociales pour penser le monde social est un trait caractéristique du point de vue international. Les cadres internationaux se considèrent comme au-dessus des clivages nationaux. Parce qu’ils sont internationaux, parce qu’ils connaissent les autres pays, ils ont le sentiment d’avoir une vue plus objective, moins passionnée des problèmes nationaux. Ils revendiquent un point de vue universel, détaché des ornières et des particularismes nationaux.
Pour faire apparaître leur vision du monde comme universelle, ils doivent oublier ce que cette vision a de partiel : les cadres expatriés peuvent traverser un nombre important de pays sans jamais quitter leur milieu, ils ne voient le plus souvent des pays qu’un petit nombre de lieux internationaux (les quartiers d’affaires, les écoles internationales, les ambassades etc.).
Cette illusion repose sur une vision très consensuelle des cultures nationales, qui fait apparaître la culture internationale comme une sommation harmonieuse de patrimoines nationaux. Il y a dans ce milieu une sorte de méconnaissance des rapports de classes internes aux pays ; les seules oppositions pertinentes sont celles qui font intervenir des catégories nationales. C’est très net dans les discours et les prises de positions sur la politique en France : pour les cadres internationaux, le Parti Communiste et le Front national (d’extrême droite) sont considérés comme du même côté (du côté du national, de l’archaïsme et du totalitarisme étatique).
Ce déni des hiérarchies sociales traduit peut-être aussi une sorte de réalité du groupe, qui se caractérise par l’hétérogénéité sociale (relative) des agents.
La population des cadres internationaux est hétérogène du point de vue des situations professionnelles. La signification professionnelle de l’expatriation (promotion ou mise à l’écart) varie en fonction de multiples facteurs, le facteur le plus important étant la position de départ du cadre dans son entreprise. Au sein de la population, il y a de fortes différences en terme de statut professionnel, de niveau d’études, d’origine sociale, de type de pays traversés, de rapport à l’avenir et de trajectoires.
La mobilité géographique des cadres d’entreprises est récente, elle se développe à partir des années 60. Les ”deuxièmes générations” de cadres internationaux sont donc rares, il n’y a pas de reproduction sociale à l’identique.
En France, on peut distinguer différents types de stratégies transnationales, qui concernent des populations différentes. Leur point commun est de tirer partie de la rareté relative des compétences internationales en France.
- Stratégies d’ascension sociale: Partir à l’étranger, choisir les secteurs internationaux peut correspondre à des stratégies de promotion sociale des classes moyennes supérieures à fort capital culturel (fils de journalistes, de professeurs). Pour ces populations, l’international fonctionne comme multiplicateur de capital culturel.
- Reclassement: Les filières internationales (en particulier les études de gestion) constituent un ”refuge” qui permettent aux jeunes d’origine sociale élevée (fils de patrons) de pallier un échec scolaire relatif.
- Apprentissage ”désintéressé”: De plus en plus d’élèves (des écoles de commerce mais aussi des grandes écoles d’ingénieur) partent à l’étranger pendant ou juste après leurs études. Il s’agit de séjours courts (6 mois à 1 ans) qui ne sont pas directement rentables, puisque le jeune engage ensuite une carrière nationale. Mais il dispose d’une ressource qu’il pourra éventuellement valoriser par la suite.
- Reconversion de ressources internationales. Parmi les cadres d’entreprise français qui ont une carrière internationale, on constate la présence relativement forte de fils de militaires, de hauts fonctionnaires, d’enseignants à l’étranger (souvent dans les anciennes colonies françaises). Il y a là un effet propre de l’héritage de dispositions internationales, qui peuvent être reconverties dans les carrières d’entreprises.
- Consécration d’une carrière nationale: il s’agit des ”notables” qui sont arrivés au sommet de leur carrière en France et qui, ayant épuisé toutes les possibilités nationales, se trouvent propulsés au niveau international. [4]
Le séjour à l’étranger brouille la perception que les agents ont de leur propre position sociale. Les familles ont souvent un statut plus élevé à l’étranger que dans leur propre pays. Cela est lié à tous les avantages matériels associés à l’expatriation (primes, avantages), mais aussi au type de relations sociales qu’on peut avoir à l’étranger. Les institutions internationales, les clubs, les écoles, les ambassades sont l’occasion d’un croisement de trajectoires diverses, d’un brassage social relatif. Comme l’explique un enquêté français, fils de professeur, qui revient de New-York : ”A l’étranger, on rencontre des gens qu’on ne verrait jamais dans son pays. Au Club français, on mange à la même table que des ambassadeurs, des personnalités de passages, des artistes, des gens d’un niveau très élevé que je n’aurais jamais connus si j’étais resté en France.”
L’international permet aussi de ”faire illusion”, de jouer avec les signes de son rang social. Dans un pays, il y a tout un ensemble de critères, de codes qui permettent de situer socialement une personne : son adresse, ses vêtements, ses manières corporelles, sa façon de parler, le lieu de ses études etc. Tous ces codes sont très importants en France (Cf Elias, La société de Cour). Mais d’un pays à l’autre, ces signes sont différents. A l’étranger on peut jouer sur le flou, sur la diversité des indicateurs de l’excellence sociale. Ces possibilités de ”bluff” sont aussi un des attraits de l’international pour les classes moyennes en ascension. [5]
La revendication d’une identité internationale repose sur une sorte d’incertitude qui est cultivée dans le milieu. C’est un moyen de laisser en suspens les problèmes de positionnement social. Cette évasion sociale est sans doute pour beaucoup dans l’enchantement de la vie à l’étranger.
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Il existe donc un champ transnational, par rapport auquel s’organisent des stratégies (professionnelles, mais aussi éducatives, sociales, etc) transnationales. On peut définir un capital international (économique, culturel, social, symbolique), qui donne lieu à des stratégies de reproduction et d’accumulation spécifiques (le développement des systèmes d’enseignement internationaux est très important dans cette perspective).
Mais c’est aussi par rapport aux systèmes nationaux qu’on peut comprendre la diversité des investissements internationaux. Ce champ transnational a pour effet de confronter et de mettre en concurrence les différents attributs nationaux, de ”relativiser” le national.
La France se trouve dans une situation particulière dans ce champ. D’une part, la mondialisation des échanges économiques mais aussi politiques, intellectuels ouvre de nouvelles possibilités de carrières transnationales. De manière générale, chacun s’accorde en France sur la nécessité d’internationaliser la formation des jeunes. La question des langues est significative: la France n’est plus une ”grande nation civilisatrice” où, comme au temps des Lumières, les Français en voyage étaient assurés de trouver dans tous les pays une élite francophone et francophile.
En même temps, et en raison sans doute de cette histoire, les compétences internationales sont encore peu reconnues socialement. Le pouvoir des classes dominantes en France repose toujours sur des principes essentiellement nationaux.
Cette faible ouverture sur l’étranger des Français, même les plus diplômés, donne des avantages comparatifs à ceux qui sont dotés en ressources internationales : la culture internationale est en France plus sélective socialement qu’en Suède (puisqu’elle ne s’acquiert pas à l’école) et sa rareté fait beaucoup de sa valeur. L’international en France est aussi un mot magique, comme chargé de sacré et de mystère.
Parce que les possibilités de carrières transnationales, les stratégies transnationales sont récentes, elles permettent alors toute une série de jeux et de dynamiques sociales ; elles peuvent être engagées par des agents dont les trajectoires sont multiples. Il n’y a pas une élite transnationale des affaires, homogène et unifiée, sur le modèle des grandes familles de l’aristocratie cosmopolite.
L’unité de la population se construit dans le rapport à l’espace social français, dans la contestation des principes nationaux de hiérarchisation sociale. L’international s’oppose au national comme le futur s’oppose au passé, l’ouverture intellectuelle à la fermeture, la tolérance à l’égoïsme, la paix à la guerre. C’est donc en France dans la lutte de concurrence avec les dominants nationaux, dans le travail pour faire reconnaître la valeur sociale des compétences internationales, que le groupe des cadres internationaux peut mettre en scène son unité, en dépit de l’hétérogénéité objective des situations.
Parce que dans mon modèle théorique j’accorde beaucoup d’importance à l’articulation du national et du transnational, les données sur les autres pays sont très importantes pour moi. D’après ce que j’ai pu lire des recherches que vous menez sur la Suède, la situation ici est très différente. Les compétences internationales sont moins rares, plus ”démocratiques” qu’en France ; et en même temps aussi beaucoup mieux reconnue et institutionnalisées dans la structure sociale suédoise. D’où je crois , des différences en ce qui concerne l’approche et la définition de la culture ”transnationale” dans les deux pays. Une des premières différences tient à l’importance des recherches menées en Suède sur les faits transnationaux, sur les différentes dimensions de la globalisation des échanges. En France, c’est un terrain de recherche relativement nouveau, et je serais donc très désireuse d’approfondir les comparaisons entre nos pays.
[1] J’ai présenté plus longuement le fonctionnement des écoles internationales dans ma communication ”La mobilité des élites et les écoles internationales : des représentations spécifiques du national” au colloque ”Formation des élites et culture transnationale”, Moscou, 26-30 avril 1996.
[2] P. Bourdieu, La noblesse d’Etat, Paris, Minuit, 1989.
[3] Michel Bauer et Bénédicte Bertin-Mourot, ”La tyrannie du diplôme initial et la circulation des élites : la stabilité du modèle français”, dans Ezra Suleiman et Henri Mendras (dir.), Le recrutement des élites en Europe, Paris, La Découverte, 1995, pp. 48-63.
[4] Cette typologie a été établie à partir des résultats de mon enquête, mais aussi grâce aux conseils et avis de Yves Dezalay.
[5] J’étais très intéressée de retrouver des mécanismes similaires dans la situation des jeunes Suédois à New-York étudiés par Helena Wulff.
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Created by Donald Broady. Last updated 1997
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